Clarisse : une Française qui connaît Shanghai mieux que les Shanghaïens
Clarisse Le Guernic, âgée de 28 ans, a des traits finement sculptés, avec un visage aux contours marqués. Ses grands yeux brun foncé, empreints de cette sensibilité et de cette intelligence typiquement françaises, laissent entrevoir son attachement à sa culture d'origine. Pourtant, c'est en mandarin impeccable que Lele, comme elle aime se faire appeler, guide des citywalks (balades urbaines en français) à travers les rues et ruelles de Shanghai, racontant avec passion l'histoire et la culture de la ville. Vivant en Chine depuis neuf ans, elle a su tisser un lien intime avec ce pays qui est devenu le sien.
Au lycée en France où Clarisse étudiait, peu d'élèves apprenaient le chinois, ce qui rendait cette langue « très cool ». C'est ainsi qu'elle est tombée follement amoureuse du mandarin. Lorsqu'elle a pris l'avion toute seule en été 2015 pour venir étudier à l'Université Fudan, elle ne maîtrisait pas encore bien la langue, au point d'avoir du mal à suivre les cours en raison de la barrière linguistique. Mais elle aimait profondément la Chine et, pour pouvoir y rester, elle a même choisi de poursuivre ses études en master.
Photo de la vie quotidienne de Clarisse. [Photo fournie par Clarisse]
En automne 2019, après avoir obtenu son diplôme de master, Clarisse a été admise par une agence de voyage à Shanghai. Mais en avril 2020, poussée par son esprit d'entreprise, elle a décidé de se lancer et a créé sa propre société de balades urbaines, ayant l'ambition de faire découvrir l'histoire et la culture de Shanghai aussi bien aux étrangers qu'aux Chinois.
À l'époque-là, Shanghai lui était encore peu familière. Elle a donc commencé, patiemment, à s'immerger dans l'histoire de la ville : fouiller dans de vieux documents, étudier des cartes anciennes, converser avec des personnes âgées, et collectionner des photographies d'autrefois. Peu à peu, elle a conçu des itinéraires uniques et originaux, pour révéler à ses clients les multiples visages de Shanghai.
Pour les voyageurs étrangers découvrant Shanghai pour la première fois, Clarisse leur propose bien sûr les incontournables : le jardin Yuyuan, le Bund, ou encore Disneyland. Mais elle aime aussi les emmener vers des expériences plus authentiques, loin des foules touristiques. Par exemple, pour capturer une vue emblématique des « Trois gratte-ciel » de Shanghai, elle les guide non pas vers le Bund, mais vers le pont de Zhapu. S'ils souhaitent visiter un temple, elle leur conseillera non pas le très fréquenté temple de Jing'an, mais plutôt le pavillon Chenxiang ou le temple Fazangjiang.
Clarisse au travail. [Photo fournie par Clarisse]
Elle aime les emmener dans les vieilles ruelles de Shanghai. Dès qu'on y pénètre, le tumulte de la ville s'efface. Loin de la foule, ces lieux empreints de sérénité sont habités par des aînés chaleureux et accueillants. Les touristes étrangers se demandent souvent : « Il est difficile d'imaginer qu'une ville aussi vaste puisse receler des endroits si paisibles ! Est-ce vraiment encore Shanghai ? »
Clarisse arpente les rues de Shanghai, parcourant plus de 20 000 pas chaque jour. En trois ans, elle a exploré chaque recoin de la ville, accumulant plus de 3 000 kilomètres l'année dernière. Au début de cette année, elle a été recommandée comme ambassadrice bénévole de l'image touristique internationale de Shanghai pour 2024. Selon elle, Shanghai est devenue sa maison, la ville où elle a grandi dans le cœur. Certains disent même qu'elle connaît Shanghai mieux que bien des Chinois.
Source : The Paper