Le professeur français Philippe Cinquini, docteur en histoire, a reçu en 2024 le Prix Magnolia d'Argent de Shanghai pour son engagement de longue date en faveur de la préservation et du renforcement des liens historiques et culturels entre la Chine et la France. Professeur d'histoire de l'art et de civilisation française à l'Université des Études internationales de Shanghai (SISU), il ne se distingue pas seulement par son érudition, mais aussi par ses actions concrètes qui ont profondément enrichi les échanges culturels entre la Chine et la France.

Le professeur Cinquini est particulièrement fasciné par une photographie en noir et blanc prise en 1930. Cette image montre Albert Besnard, alors directeur de l'École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris (ENSBA), aux côtés de quatre jeunes Chinois : le peintre Liu Haisu et son épouse Zhang Yunshi, le traducteur Fu Lei et le peintre Zhang Xian. Cette photo a éveillé chez le professeur Cinquini un vif intérêt pour les étudiants chinois en art ayant étudié en France au début du XX^e siècle. Depuis lors, il s'est consacré à la recherche approfondie de cette histoire méconnue des échanges sino-français.

À partir de 2007, le professeur Cinquini a concentré ses travaux académiques sur cette génération d'artistes chinois ayant séjourné en France, notamment sur le parcours éducatif de Xu Beihong à l'ENSBA. Selon lui, les études de Xu Beihong et de ses contemporains en France ont non seulement perfectionné leurs techniques artistiques, mais aussi insufflé un vent de renouveau à la peinture traditionnelle chinoise. Leurs œuvres et leurs idées sont devenues des pierres angulaires du système éducatif des beaux-arts de la Chine contemporaine. L'ouvrage de Philippe Cinquini, intitulé Les artistes chinois à l'École des beaux-arts 1900-1949, constitue une contribution majeure à la recherche sur cette période.

Pour le professeur Cinquini, Shanghai occupe une place centrale dans l'histoire des échanges culturels sino-français. De nombreux artistes, tels que Lin Fengmian et Wu Guanzhong, sont partis de Shanghai pour poursuivre leurs études en Europe avant de revenir dans cette ville pour la création artistique. Le professeur Cinquini décrit Shanghai comme un « laboratoire » où les cultures étrangères et les traditions chinoises se confrontent et se fusionnent pour donner naissance à de nouvelles formes artistiques.

En dehors de ses recherches académiques, le professeur Cinquini joue un rôle actif dans la promotion des échanges culturels sino-français à travers des expositions. Il a surtout contribué à l'organisation de nombreuses expositions artistiques telles que « Shanghai-Paris, Art Moderne Chinois », permettant au public de percevoir l'intégration et le lien entre les écoles artistiques des deux pays. Par ailleurs, il étend son enseignement au-delà de la salle de classe en emmenant ses étudiants en master dans les galeries d'art pour expliquer les œuvres d'art et partager ses expériences en tant que commissaire d'exposition. Il nourrit également l'ambition de voir les jeunes des deux pays approfondir leurs échanges, par exemple à travers des projets de restauration de châteaux en France.

Le professeur Cinquini souligne que la Chine et la France partagent des valeurs communes, mais que ces liens doivent être cultivés et entretenus avec amour. Il espère que davantage de jeunes s'impliqueront dans les échanges culturels sino-français afin d'écrire ensemble de nouveaux chapitres de l'amitié entre les deux pays.

Source : Shanghai Observer